Les articles réunis dans ce dictionnaire fournissent un éclairage historique et conceptuel sur la question du racisme, à partir d'une approche comparative, l'analyse d'interactions sociales, l'examen des modes de stigmatisation, etc.

P.-A. Tagguieff revient sur les mutations du concept de national-populisme et s'interroge sur son devenir à l'heure de la mondialisation et des bouleversements socio-économiques contemporains. Il dénonce les nouveaux visages du populisme et appelle à un retour assumé aux grands principes du pacte républicain.

D'après Francis Galton, l'intelligence est héréditaire. Le raisonnement galtonien est fondé sur la réinterprétation héréditariste d'un paradoxe mis en évidence par Malthus : si les meilleurs éléments sont les « prévoyants » qui tendent à se reproduire moins que les « imprévoyants », alors les meilleurs sont voués à disparaitre et les médiocres ou les pires à proliférer. Galton en infère que le contrôle des naissances doit être qualitatif. Il faut donc sélectionner les procréateurs et encourager la procréation chez les représentants des « meilleurs souches ». Tel est le programme de l'eugénique dite « positive ».

Après avoir retracé l'histoire conceptuelle et politique de l'idée de progrès âgée d'environ 400 ans et analysé les principales théorisations dont elle a fait l'objet chez les philosophes modernes, l'auteur se livre ici à un examen critique contemporain : que subsiste-t-il en effet de cette idée dans le néoprogressisme et l'antiprogressisme contemporains, dans les positions des libéraux et des altermondialistes, dans les discours des hommes politiques, des intellectuels et des journalistes en France ? Le livre se termine sur les usages du progrès dans les sciences et les techniques (utopies des doctrines et pratiques eugéniques du XIXe siècle) et dans les théories politiques dont sont issues les démocraties et les régimes totalitaires du XXe siècle.

Nouvelle version de l'édition de 1998, l'ouvrage présente les doctrines racistes élaborées en France au cours des XIXe et XXe siècles. Puisant leurs racines dans les imaginaires, les croyances autour de la couleur de la peau et de la transmission héréditaire des caractères physiques et mentaux, dans la hantise des mésalliances et du métissage ou dans la volonté de classer et de hiérarchiser l'espèce humaine, ces courants de pensée ont légitimé l'exploitation, la ségrégation, voire l'élimination d'individus ou de populations.

L'auteur s'interroge sur l'apparente banalisation des attitudes et des comportements judéophobes en France depuis l'automne 2000. La thèse défendue repose sur l'idée selon laquelle l'antisémitisme européen classique était une forme de racisme à l'égard des juifs, tandis que cette nouvelle judéophobie serait d'ordre planétaire et consiste à retourner contre les juifs l'accusation de racisme. En associant deux accusations (les juifs sont partout et il sont partout solidaires), la thématique antijuive serait diffusée dans tous les pays, portée notamment par les figures de l'islam politique et par la mouvance néo-chrétienne humanitaire qui en diabolisant les Etats-Unis et Israël fonctionne comme héritière du tiers-mondisme. Ils diffusent en particulier une représentation du sionisme qui en ferait une forme de colonialisme, impérialisme et racisme au lieu de le concevoir comme une forme de nationalisme aussi " respectable que le nationalisme palestinien ". Les deux catégories repoussoir (impérialisme américain et continuum Israéliens-sionistes-juifs) construisent selon l'auteur des discours d'accusation déguisé en discours d'explication par les causes. Sur cet amalgame se fonderait le discours " antisioniste " ordinaire qui s'est développé dans le monde arabo-musulman depuis les années 1950 et qui alimente aujourd'hui le nationalisme islamiste. Enfin, selon l'auteur l'actuelle islamisation engendrait l'" antisionisme radical " tel qu'il aurait évolué au sein de la gauche internationale, en adaptant l'américanophobie adaptée à l'esprit des mobilisations anti-mondialisation. En ce sens les militants antiracistes français n'aurait pas su trouver un objectif valide en se focalisant sur les délits de faciès à l'entrée des discothèques (jeunes hommes d'ascendance nord-africaine et africaine) par la méthode du testing et en ne donnant pas le même poids aux violences scolaires exercées contre des enfants juifs En somme, il existe pour Taguieff un " pseudo-antiracisme " pour lequel les juifs sont désormais des " non-victimes ", ce qui autorise à les classer, par un mouvement second, parmi les exclueurs, les discriminateurs, les dominateurs.

Le racisme implicite, voilé, subtil au point qu'il devient difficilement saisissable est-il une forme de racisme ? Une nouvelle forme de racisme ? Un nouveau racisme ? Doit-on le combattre comme on combat le racisme classique ? Ces questions supposent que le singulier du mot racisme doit être mis en doute : l'hypothèse peut être faite qu'il y a des racismes et la polymorphie de ce qu'on appelle « le racisme » paraît être inséparable de ses métamorphoses (Extrait de l'article).

Conçu comme un instrument de travail, cet ouvrage collectif a pour objet l'étude de l'engagement des écrivains, journalistes et universitaires dans la propagande anti-juive, au service du régime de Vichy, entre 1940-1944, dans l'orbite de la collaboration idéologique active. L'étude du discours de propagande anti-juive se fait à travers trois champs : politique, journalistique et littéraire. Elle est complétée par des notices biographiques d'un certain nombre de collaborateurs et par une partie anthologique restituant des documents difficiles d'accès ou inédits qui permettent de prendre la mesure du conditionnement psychologique exercé par ces écrits sur la population, renforçant l'action anti-juive officielle et les mesures gouvernemantales d'exclusion.

A partir de 1984, le discours antiraciste, tributaire d'un antifascisme historique, s'est redéfini comme une lutte contre l'extrême-droite. Cet antilepénisme radical, pétri d'indignation morale correspond au discours d'une élite qui condamne le sentiment national des classes populaires et réclame des sanctions judiciaires pour protéger la démocratie. Le recours à la législation ou à la répression judiciaire n'empêche pas le racisme refoulé d'occuper un espace politique vacant et de se répandre de manière plus subtile dans l'opinion publique. Ceci implique de définir pour les militants d'autres formes d'action.

Le racisme en tant qu'idéologie propre à la modernité - ou « racialisme » - définit des catégories d'« inassimilables » selon divers modes de légitimation scientifique (de la craniométrie à la psychométrie). A travers cette activité différenciatrice et classificatoire, s'opère une racialisation de la menace fantasmatique pesant sur l'identité et l'unité du groupe propre. L'évidence fondatrice d'une telle raciologie est que, si « la race tend à la constance », le métissage la menace de « désagrégation ». En référence aux doctrines du docteur Martial, on expose et analyse les thèses et les argumentations constitutives de la nouvelle anthropobiologie qui, dans l'entre-deux-guerres, a cru pouvoir fonder sur la découverte des groupes sanguins une classification des « races humaines » et fournir une mesure de leurs aptitudes respectives, de leurs affinités ou de leurs incompatibilités. Etre assimilable, c'est être apte à engendrer des métis acceptables pour le pays d'accueil, c'est donc être un bon immigré.

Le racisme en tant qu'idéologie propre à la modernité - ou « racialisme » - définit des catégories d'« inassimilables » selon divers modes de légitimation scientifique (de la craniométrie à la psychométrie). A travers cette activité différenciatrice et classificatoire, s'opère une racialisation de la menace fantasmatique pesant sur l'identité et l'unité du groupe propre. L'évidence fondatrice d'une telle raciologie est que, si « la race tend à la constance », le métissage la menace de « désagrégation ». En référence aux doctrines du docteur Martial, on expose et analyse les thèses et les argumentations constitutives de la nouvelle anthropobiologie qui, dans l'entre-deux-guerres, a cru pouvoir fonder sur la découverte des groupes sanguins une classification des « races humaines » et fournir une mesure de leurs aptitudes respectives, de leurs affinités ou de leurs incompatibilités. Etre assimilable, c'est être apte à engendrer des métis acceptables pour le pays d'accueil, c'est donc être un bon immigré.

Les pratiques racistes ont précédé l'invention du mot "racisme" qui, lui-même, recouvre différentes doctrines et diverses formes d'expression dans le temps et dans l'espace. En continuité avec l'ethnocentrisme, phénomène universel, le racisme se manifeste par une hantise du mélange entre populations dont les différences réelles ou supposées sont exacerbées. L'auteur propose un "type idéal" du racisme reposant sur ses caractéristiques cognitives et pratiques. Il analyse ensuite les problèmes de l'antiracisme, à travers le conflit entre valeurs et devoirs.

A la fin du XIXème siècle et durant la première moitié du XXème, la France républicaine était partagée entre un message universaliste proclamant l'égalité de tous et une pratique coloniale marquée par le racisme évolutionniste : la domination des «non civilisés» par les «civilisés» était justifiée par le «retard» des premiers et légitimée par la «mission civilisatrice» des seconds. C'est ce que l'auteur appelle le «dilemme républicain à la française»; il s'en explique dans cet article.

Pour l'auteur, spécialiste de l'antiracisme théorique, la dernière décennie a favorisé un antilepénisme primaire, relayé par les Media à droite, comme à gauche. Ce qui contribue au spectacle, et en définitive à la banalisation de l'extrême-droite, parti politique qui plaît aux chômeurs. Il faut clarifier les représentations liées au retour du nationalisme et ne pas abandonner le concept de l'identité nationale au Front National. L'Etat doit fournir un cadre à la nation et la lutte contre le racisme se diversifier et se globaliser pour reconquérir les milieux populaires. Il s'agit de créer un élan de citoyenneté et de civisme, à caractère politique dans une France libérée d'une ethnicisation nocive car elle la divise socialement.